Aussi surprenante et magique qu’une étoile filante dans le ciel, ✨Azel✨ est entrée dans nos vies le 23/01/25.
40 SA + 4. Et aucun signe, malgré des litres de tisane de framboisier, une séance d’acuponcture et une qualification d’office aux JO 2028 dans l’épreuve « faire des 8 sur son ballon de grossesse ».
Me voilà également sur une fin de grippe qui m’aura terrassée pendant 5 jours, à espérer pour la première fois que « ça n’arrive pas tout de suite » Car oui, je suis plutôt de la team dépassement de terme, à savoir 41+5 pour ma première fille, qui a maintenant 3 ans et demi.
Alors, contrairement à ma première grossesse où cette attente avait été une véritable torture, pour celle-ci, je décide d’accepter mon sort, et me dirige bien plus sereinement vers le 10e mois de grossesse.
4h du matin, le 23/01/2025.
Mon mari se lève car notre fille de 3 ans l’appelle. Elle aussi a eu la grippe comme moi et elle ne va pas à l’école de la semaine. Elle tousse et veut un câlin de son papa pour se rendormir.
Je me dis que c’est le moment pour moi de faire un des nombreux pipis nocturnes, comme le veut la tradition du troisième trimestre.
Après un rouler bouler maîtrisé à la perfection pour me lever du lit, je me tiens debout et sens ma culotte se tremper et du liquide dégouliner sur mes jambes.
Arrêt sur image, je me fige telle une statue.
Étant tellement programmée pour aller jusqu’au dépassement du terme, un doute subsiste, je me dis que ce n’est pas possible que ce soit la poche des eaux.
Pourtant, l’évidence est là, et en revenant dans la chambre mon mari me regarde, et me dit « je crois que je vais appeler mes parents ? ». En effet, ils doivent venir garder notre fille et sont à environ 40 minutes de route.
Pendant ce temps, je fais le point dans ma tête car finalement je n’étais pas vraiment prête à cette éventualité : ok je sors ma check list pas tout à fait terminée « rajouter trousse de toilette », « prendre chargeur portable » (…) « prendre objet hypnose » ; je souris en lisant ce dernier point et réalise un peu: c’est mon tour, enfin ; et cela débute naturellement comme je l’ai tant espéré.
Ma fille s’est rendormie sans se rendre compte de l’effervescence qui débute dans l’appartement. J’aime que tout soit nickel, organisé. Alors je m’affaire avant l’arrivée de mes beaux-parents : je change nos draps si jamais ils veulent se reposer un peu, je range le salon, je prépare la valise de ma fille car elle ira chez ses grands-parents durant notre séjour à la maternité.
Je sais que le travail se lance petit à petit, les contractions sont là, mais légères, juste suffisantes pour me dire « rassure-toi, le travail se lance ».

Je n’ai même pas pensé à commencer à chronométrer mes contractions. Mon mari le fait pour moi durant le trajet dans la voiture.
Nous arrivons à 6h du matin aux urgences maternité, pile dans les 2h après la fissure de la poche des eaux. Je suis satisfaite, tout est carré, je suis dans ma zone de confort, je maîtrise bien la situation.
L’admission est rapide et on nous installe dans une petite chambre de pré-travail. La même que pour ma première fille.
Des flashs me reviennent alors de ce premier accouchement, qui avait été long, usant. 24h où j’ai subi, clairement, et craqué pour la péridurale au bout de 12h de contractions, pour finir avec un enchaînement de gestes : rupture artificielle de la poche des eaux, perfusion d’ocytocine car le travail stagnait.
Bref, la finalité a été un beau bébé de 4kgs500 par voie basse, sans complication, mais l’épuisement que cela me rappelle n’est pas forcément bénéfique à l’instant T.
Je me rappelle cependant également que je n’étais pas aussi bien préparée qu’aujourd’hui;
J’avais fait des cours de préparation « classiques » à l’accouchement, sans plus d’approfondissement d’une méthode en particulier.
Là, je me suis investie, je pratique des audios d’hypnose de Manon depuis 3 mois maintenant, cet accouchement sera différent du précédent. Je me rebooste instantanément.
Je demande si la baignoire de la salle nature est disponible, deuxième déception, elle ne fonctionne plus.
Bon, ce n’est pas grave, comme le dit Manon dans les cours de préparation, il y a toujours des alternatives, et j’en trouverai.
La sage-femme se présente, mais je sais que je ne la verrai pas beaucoup car le changement d’équipe jour/nuit se fait d’ici 30 minutes.
Elle me pose le monitoring d’admission et me demande si elle peut m’examiner. J’en profite pour lui faire part de mon projet d’accouchement physiologique sans péridurale.
Je lui dis que je souhaite savoir d’où je pars même si je me doute que ce n’est que le début, mais qu’après je ne souhaite plus savoir lors des contrôles du col pour ne pas me décourager. En revanche, j’aimerais qu’on le dise à mon mari afin qu’il m’informe régulièrement « ça avance, tiens bon ».
Elle m’examine : je suis ouverte à 2 doigts, col mi long, les contractions commencent à se faire sentir, c’est le tout début.
Grâce aux cours de préparation, je savais que je ne devais pas être déçue de ce point de départ, car pour arriver jusqu’à « col mi long ouvert à 2 », il s’est déjà passé toutes les étapes précédentes et je remercie mon corps pour ça.
Après cette confirmation que le travail se lance doucement, je me blinde psychologiquement ; je veux tenir bon cette fois et espère plus que tout un accouchement physiologique sans péridurale. J’y crois.
Je reste donc allongée durant le monitoring. Je n’aime pas ça (comme toutes femmes en travail je pense !). La position m’est inconfortable, je veux bouger, faire du ballon, aller sous la douche, m’étirer. Bref, je fixe l’horloge sur le mur et les minutes sont interminables.
Sauf que voilà, je le rappelle, je ne suis pas arrivée au meilleur moment : c’est le changement d’équipe jour/nuit et pour avoir un peu discuté avec la sage-femme qui m’a accueillie je sais qu’elles ont eu un grand nombre d’accouchements dans la nuit.
Il y a donc pas mal de choses à transmettre, et pendant ce temps… moi je suis branchée, allongée sur le dos, sans pouvoir bouger. ⛓
Les contractions sont vraiment plus intenses, je les accueille une par une, en soufflant, en ayant la voix de Manon dans la tête, car je n’ai pas encore mis mon casque pour écouter les audios d’hypnose, même si finalement, je les connais par cœur pour les avoir écouter tous les 2-3 jours depuis des mois.
Alors je l’entends me dire « le corps sait faire, tu as juste à le laisser faire » en boucle. Et je me sers également des visualisations, de la goutte d’eau qui créée des cercles concentriques, qui m’englobe et me transporte. Je traverse les vagues les unes après les autres.
A 7h40, soit 1h30 après notre arrivée à la maternité, je suis toujours branchée à ce foutu monitoring !! (1h30 au lieu des 30 minutes annoncées !), et après avoir déjà appelé à 2 reprises pour qu’on me débranche (sans succès), je ne tiens plus, je me débranche moi-même.
Mon mari n’est pas rassuré et pense que je vais me faire gronder par les sages femmes (team « toujours bons élèves »), mais tant pis, je sens l’envie d’aller aux toilettes et j’ai aussi envie de devenir actrice de cette phase de travail ; car les contractions sont montées crescendo et je veux les vivre comme je le souhaite : à savoir de façon mobile et pas branchée sur un lit !
Lors de l’installation du monitoring j’avais demandé qu’on me ramène un ballon car il n’y en avait pas dans la chambre (spoiler alert: je n’aurais pas le temps d’en voir la couleur !).
Personne n’est revenu avec entre-temps, donc je vais aux toilettes et je me rabats sur la douche pour essayer de me détendre un peu.
Les contractions sont vraiment intenses, mais étant là depuis peu de temps, je reste persuadée qu’il s’agit du début du travail et m’arme mentalement pour tenir sur la longueur.
Je dis à mon mari de sortir mon casque audio : après cette douche je commencerai les audios des contractions.
A ce moment-là pour tenir, j’ai toujours la voix de Manon dans la tête (ça fait un peu folle dit comme ça, mais c’est vraiment ce qui me fait rester complètement dans ma bulle).
J’alterne position debout, assise sur les toilettes, je souffle, je bouge mon bassin, je me cramponne.
L’espace d’un instant, je me dis que je dois être aux alentours de 3-4 de dilatation, que c’est difficile, mais que j’ai encore pleins d’outils à ma disposition pour tenir. J’ouvre l’eau de la douche et me mets le jet sur le bas ventre, bas du dos.
J’adopte une position asymétrique également en mettant une jambe sur le tabouret de la douche, j’avais lu que ça pouvait aider bébé à bien descendre et ça me fait du bien.
8h05, cela fait environ 20 minutes que je suis dans la salle de bain, quand je sens que je n’ai plus beaucoup de répit entre les contractions. Je me dis : comment vais-je tenir encore des heures et des heures ? Mais je souffle de nouveau et je repars dans ma bulle.
Une contraction arrive, et là je sens mon bébé faire un mouvement qui me dérange, je m’assois sur les toilettes : j’ai envie de pousser.
Je me dis c’est bizarre, j’étais à 2 d’ouverture de col il y a seulement 2h, pourquoi j’ai envie de pousser ?
Je ne dis donc rien à mon mari et me retiens de pousser. Sauf qu’à la prochaine contraction, mon corps pousse tout seul, c’est incontrôlable.
D’instinct, je vérifie avec mes doigts ce qu’il se passe : et le verdict est sans appel, je sens la tête de mon bébé qui sort et qui vient se caler contre la paume de ma main.
Je lève les yeux et dis à mon mari d’aller chercher de l’aide, que ça sort !!
Je vois la stupéfaction dans ses yeux, mais il garde son calme et je l’entends dire dans le couloir « s’il vous plaît ? Il y a quelqu’un ? ». Mais il n’y a personne. Il s’avance un peu et recommence, et fini par croiser une sage-femme à qui il dira « c’est ma femme, elle est dans la salle de bain, elle retient la tête !! ».
Pendant ce temps, je suis seule, debout dans la salle de bain, et le scénario se fait dans ma tête: je vais vivre ça là, maintenant, tout de suite, et la seule chose que je me dis c’est « ne la fais pas tomber par terre !!! ».
J’ai sa tête dans mes mains et j’essaie de retenir le reste à l’intérieur.
Pauline, la sage-femme croisée dans le couloir arrive en courant (on ne la connaît pas, elle n’est pas responsable de notre secteur), passe la porte et dit immédiatement « tout va bien se passer Madame », elle se jette sur une paire de gants et s’agenouille devant moi par terre.
Je me sens soulagée, je ne suis plus seule.
Nos regards sont fixes, on se regarde droit dans les yeux, elle doit ressentir ma montée de panique et me dit d’une voix si douce et bienveillante « c’est quand vous voulez, je suis là ».
Alors je respire, je retire mes mains et je pousse, 1 fois, quelques secondes à peine, toujours debout.
Je sens le cercle de feu, mais également le soulagement immédiat qui s’en suit.
Ma fille est réceptionnée par Pauline, ses petits yeux grands ouverts sur moi, elle me fixe d’un regard que je n’oublierai jamais. ♾
Puis elle prend sa première inspiration et pleure. 💖
✨Azel ✨ 3kgs900 pour 50 cm d’amour, notre fille, mon étoile filante ! Tu auras surpris tout le monde, moi la première !
La sage-femme est émue, je le sens dans sa voix, elle me dit « bravo Madame, c’est merveilleux, vous êtes incroyable ! », toujours à genoux, tenant ma fille dans ses mains.
Moi, je suis figée, je regarde ma fille et me dis « mais c’est terminé ? Vraiment ? Je viens d’arriver ! ».
De là, des renforts arrivent, beaucoup de renforts même, car j’imagine que la situation reste atypique !
Malgré l’effervescence, autour de moi, l’équipe n’oublie pas mon mari qui s’était mis sur le côté pour laisser passer les sages femmes par la porte ouverte.
Il coupe le cordon et je vois toute l’émotion mais aussi la fierté dans ses yeux.
S’en suit une phase presque lunaire, où je passe mon temps à m’excuser de ce « bazar ». Les équipes rient, me félicitent, me disent qu’ils ont choisi ce métier aussi pour ce type de belle surprise : au détour d’un couloir, dans la salle de bain d’une salle de pré-travail.
Azel est emmenée pour les soins avec son papa le temps qu’on me raccompagne sur le lit de la chambre, le cordon ombilical pendant entre mes jambes quand je marche.
J’essaie de réaliser la situation, mais je suis euphorique, heureuse, émue et surtout très fière.
On m’installe sur le lit et on me demande de pousser une nouvelle fois pour le placenta. Cette fois les sages femmes ont le temps de s’installer, de mettre des gants etc. Tout se passe bien.
Je n’ai besoin que d’un petit point externe, mon périnée est intact. ✅
Mon mari revient avec notre fille en peau à peau. Et je la redécouvre une seconde fois, avec la même lueur dans ses yeux, brillante comme une étoile
Pendant que le papa fait le peau à peau, je commence à verbaliser ce qu’il s’est passé. J’ai réussi, et j’ai vécu un accouchement au-delà de mes espérances, de mes rêves.
Les équipes viennent me voir durant la surveillance, pour discuter, pour me dire que c’était exceptionnel.
Pauline, la sage-femme qui a accouru dans la salle de bain, revient me voir pour me féliciter, je la remercie d’avoir été si douce et rassurante.

A 9h, on me propose le petit déjeuner. Et voilà comment s’achève cette incroyable aventure de la grossesse puis de l’accouchement, arrivée à 6h aux urgences maternité, puis à 9h prenant mon petit déjeuner avec mon bébé à côté de moi
Merci Manon, pour cette préparation incroyable, pour ta voix qui a résonné en moi durant tout le processus, pour cette confiance que tu donnes aux femmes : notre corps sait faire, il faut juste le laisser faire.
Et j’ai su faire.
