Le 9 septembre 2023
10h30 : Rdv à la maternité pour un monitoring de contrôle car aujourd’hui nous sommes le jour du terme mais pas de bébé à l’horizon et pas l’ombre d’une contraction.
Lors du monitoring, la sage femme fait un contrôle de mon col et un prélèvement pour savoir si ma poche des eaux est ok. Le résultat tombe : poche fissurée mais col ouvert a à peine 2 doigts. La sage femme m’explique alors que je ne rentre pas à la maison car risque infectieux. Il faut nous mettre toutes les deux sous antibio et ils vont me déclencher . Avec ton père on avait pas prévu cela et nous n’avons même pas pris les valises (erreur de débutants) . Je panique un peu et lui est excité . J’avais pas envisagé une seule seconde un déclenchement. Je sais que cela peut être plus compliqué à supporter mais j’essaie de rester zen. Ton papa me fait beaucoup rire.
14h30 : premier médicament et monitoring d’une heure pour surveillance . Tout vas très bien, bébé bouge bien mais pas de contractions pour le moment.
15h30 : retour en chambre , ton papa regarde le rugby en mangeant plein de bonbons . Moi j’ai un mélange d’émotions qui me traverse.
16h45 : deuxième médicament, la sage femme me conseille de me reposer ++ car la nuit risque d’être longue. Alors je fais une sieste .
18h : on pose de nouveau un monitoring, le temps est un peu long. Je ne peux pas beaucoup bouger car souvent allongée pour les examens. J’espère que bebe va vite arriver .
18h45 : troisième prise de médicament . Toujours rien . J’en ai marre.
20h45 : quatrième médicament , j’ai quelques contractions douloureuses mais toujours très espacées .
22h45 : cinquième médicament et un nouveau monitoring . J’ai du mal à me reposer , les contractions sont toutes les 10 minutes mais sont encore faibles . Le cinquième médicament accélère le rythme des contractions mais pas l’intensité pour le moment .
Le 10 septembre 2023
00h50 : sixième médicament + antibio
Je commence à avoir mal .
2h45 : septième médicament, c’est vraiment pas évident d’être réveillée toutes les 2h car je commençais à peine a bien dormir . J’ai des contractions douloureuses mais pas assez pour que le travail commence . Le moral en prend un coup.
3h20 : je viens de rompre la poche des eaux après une grosse contraction !
3h30 : les contractions sont toutes les trois minutes et sont très intenses directement. On demande la salle nature mais elle ne sera pas disponible tout le long du travail . Je panique , je réalise que l’idée que j’avais et toute ma préparation à l’accouchement est bouleversée. J me rassure et me dit qu’on va tout faire pour s’y rapprocher au maximum.
Je suis dilatée à 3. Je tombe sur une sage femme qui pousse pour me poser une péridurale car les contractions sont intenses. J est d’un soutien incroyable, il exige à la sage femme d’aller lire notre projet de naissance (le précieux) et que pour le moment on ne parle péridurale. Elle part mécontente et moi je ne veux plus jamais la voir .
4h : On nous passe en salle de travail car trop de risque de rester en chambre . J’oublie tout ce que j’avais préparé (la musique, le peigne, les gourmandises, … ) . J’ai le besoin de me mettre dans mon mode , à quatre pattes (position que je garderai jusqu’à la poussée ). La sage femme de la salle de travail est douce, bien au courant de notre projet et sera elle aussi d’un véritable soutien, cela me permet de relâcher un peu la pression. Je gère pendant 1h les contractions en me répétant et visualisant que « chaque vague me rapproche de ma fille ». Puis je sens que je perds pieds j’ai vraiment très mal, je supplie qu’on me pose la péri mais mon mari me demande d’attendre la fin de la contraction pour prendre ma décision.
Évidement chaque contraction passée je voulais continuer sans.
5h30 : Je suis dilatée à 4 on arrive à négocier une petite demi heure max en chambre pour profiter de l’eau chaude dans mon dos . Quel soulagement , quelle fenêtre de repos !!
7h : Nouveau contrôle, je suis à 7 , on tient le bon bout . Je gère les contractions grâce à la respiration et visualisation. Je ressemble à une bête sauvage mais qu’importe je gère ! On gère ! Car J est tellement aidant, il me propose de changer de positions ( impossible laissez moi à quatre pattes !! ). Il masse mon dos, me rappelle mes mantras , me dit qu’il est fier de moi et parfois il se fait discret pour que je reste dans mon monde. Il est parfait ❤️
8h : je suis toujours à 7 . Une heure et j’ai pas travaillé , la c’est le désespoir, je pleure de fatigue, je sens la phase de désespérance qui arrive. Cette montagne infranchissable devant moi. Je supplie de nouveau d’avoir la péri, j’en ai marre . La sage femme et J me demandent de faire un pacte, on attend encore 3/4h et si j’ai pas bougé on en reparle. J’accepte, je me lève, j’essaie de bouger mon bassin, je fais de la swissball mais je reviens vite à ma position fétiche
9h : Je suis à presque 8 . Ça avance doucement mais je suis complètement épuisée . La sage femme me dit que ça va vite arriver. Je la vois préparer tout le matériel et cela me redonne un coup de boost.
10h : Je suis à quasi dilatation complète , c’est bon c’est le moment. On me dit de m’allonger si ok pour moi et on va commencer la poussée. Je ne comprends plus trop ce qui se passe mais je sais une chose c’est que la prochaine fois que je suis debout c’est avec ma fille dans les bras. S’en suivent 31 minutes de poussée, d’effort indescriptible, de sensations inexplicables. Je me sens si puissante à ce moment là. Je sens tout le trajet que ma fille fait. Je sens que c’est moi qui gère et qui est maîtresse de son arrivée . Alors je pousse, je pousse à m’en faire éclater les vaisseaux du visage, je crie, je prends les encouragements de l’équipe et surtout de mon mari comme de vrai boost. Puis sa tête arrive et j’ai l’impression que tout se déchire (cercle de feu ?), j’ai peur mais on me promet que tout vas bien. Et c’est le cas , je n’aurai aucune déchirure, aucun point. Mon corps est magique ! Elle passe sa tête , une épaule … et la le gynécologue qui a bien pris connaissance de notre projet me dit que c’est LE moment. Je peux venir la sortir de moi. On m’aide à me plier et je viens sortir le reste de son petit corps pour la poser sur moi.
10h31 : Roma … ma merveille tu es là, dans un petit cris d’amour . Une mélodie envoûtante pour moi. Je plonge dans les yeux de ton père et toi tu trouves directement mon sein et tu t’y accroches comme un instinct de survie. Je suis totalement shootée, épuisée. Je suis dopée d’amour.
Je réalise que nous avons été une équipe au delas de mes espérances. Toi, ton père et mon corps. Ce corps qui t’a donné la vie, et qui n’aura eu besoin ni de matériel, ni d’aide, juste de confiance.
Ma fille , à nous l’aventure qu’est la vie …